RECAPITULATIF DU PROJET DE L'INSPECTION ACADEMIQUE :
ECOLE DE SAINT VINCENT SUR JABRON & RPI DE NOYERS SUR JABRON
(rédigé par les parents d’élèves le 21 Novembre 2024)
Le projet de l’inspectrice pour le parcours scolaire des enfants de la Vallée du Jabron,
à partir de la rentrée 2025 :
- « Glissement » de la classe de maternelle de Saint Vincent sur Jabron, accueillant actuellement les enfants des 5 communes du haut de la vallée, vers le pôle petite enfance de Noyers sur Jabron, avec un enseignant et une ATSEM.
- Conserver les 4 écoles de la vallée, avec la répartition suivante :
o Saint Vincent : 1 classe unique CP-CM2 (1 seul enseignant)
o Noyers : 3 classes de maternelle (3 enseignants + 3 ATSEM)
o Bevons : 1 classe de primaire (niveaux non définis à ce jour)
o Valbelle : 1 classe de primaire (niveaux non définis à ce jour)
- Suppression d’un poste à Valbelle
Ce projet est né courant 2023, suite au constat d’une baisse des effectifs à l’échelle de la vallée (qui s’explique simplement par une baisse démographique à l’échelle nationale).
Cependant, pour les communes du haut de la vallée, sur les 10 dernières années, on constate que les effectifs sont globalement stables, malgré des chutes ponctuelles d’effectifs. Pour la rentrée 2025, les effectifs prévisionnels pour l’École de Saint Vincent se situent entre 26 et 30 élèves, de la petite section de maternelle au CM2, ce qui correspond à l’effectif au moment de la réouverture de la seconde classe il y a 2 ans.
NOTRE POINT DE VUE, NOS PROPOSITIONS
De notre point de vue, ce projet qui est annoncé avec l’objectif de renforcer et pérenniser l’offre scolaire dans la vallée, est malheureusement obsolète, contreproductif, inutile et injuste. On vous explique pourquoi très rapidement :
- Equité territoriale
(désigne une configuration géographique qui assurerait à tous les mêmes conditions d'accès aux biens et aux services d'intérêt général, qu'il s'agisse des infrastructures de transport, de l'accès aux services sociaux et de santé, à l'éducation ou à la culture et à l’emploi…)
En France, chaque enfant doit avoir accès à une école raisonnablement proche de son domicile. Après avoir envoyé les plus grands à l’autre extrémité de la vallée (Bevons de 2019 à 2022), ce sont maintenant les plus petits qui sont visés par la création d’un pôle petite enfance à Noyers-sur-Jabron, doublant leur temps de transport en zone de montagne et multipliant les risques et la fatigue. Le fait de transférer les maternelles à Noyers rajoute 8 km de trajet aux plus petits, soit une vingtaine de minutes, en prenant en compte les multiples arrêts du transport scolaire. On parle donc pour des enfants de 3 à 5 ans de 40 min aller + 40 min retour pour les enfants qui habitent aux Omergues. Cette réalité nous permet de rentrer parfaitement dans les critères des zones de montagne, et de citer l’article 15 de la loi du 28 décembre 2016 :
« mise en œuvre de la carte scolaire permet l'identification des écoles publiques ou des réseaux d'écoles publiques qui justifient l'application de modalités spécifiques d'organisation scolaire, notamment en termes de seuils d'ouverture et de fermeture de classe, au regard de leurs caractéristiques montagnardes, de la démographie scolaire, de l'isolement, des conditions d'accès et des temps de transports scolaires »
- Des effectifs stables, une équipe pédagogique harmonieuse : une école qui fonctionne ! :
Les effectifs de la classe de Maternelle sont suffisants pour conserver le poste d’enseignante et celui d’ATSEM, d’ailleurs il n’est pas proposé de les supprimer mais de les faire « Glisser » plus loin, donc d’éloigner le lieu d’accueil du domicile de la totalité des enfants qui y sont accueillis.
Pourquoi ce « glissement » ? Quel est l’intérêt de déshabiller Paul pour habiller Jacques ? Pourquoi ne pas respecter la sectorisation et la carte scolaire et maintenir les enfants du secteur du haut de la vallée dans l’école dont ils dépendent juridiquement ? N’est-il pas évident pour tout le monde que les familles les plus éloignées de Noyers feront probablement le choix d’inscrire leurs enfants à Séderon, dans la Drôme, village à seulement 8 km de sa commune contre 20km pour Noyers ? N’est-il pas évident pour tout le monde qu’avec ce « glissement » la classe de maternelle perdra en effectifs ? Le maire de la commune des Omergues, la plus éloignée de la vallée, annonce, qu’en accord avec son conseil, il votera contre ce projet, parce qu’il craint qu’à moyen terme, les enfants ne reviennent plus à Saint-Vincent.
D’autre part, les familles arrivées cette année, attirées par cette école qui pouvait accueillir toute la fratrie sur un seul lieu, ont décidé de repartir si le projet était mené à son terme. L’accueil de tous les niveaux en 2 classes sur un seul lieu est une des forces de cette école.
Enfin, ce glissement ne pénalise pas seulement les enfants de maternelle, mais aussi ceux du Primaire, et leur enseignant qui va se retrouver seul, isolé avec un petit groupe d’enfants. L’éclatement de l’équipe pédagogique met fin de fait aux échanges pédagogiques, au soutien moral et à l’assistance en cas de problème. Il pose un problème sur le plan de l’efficacité pédagogique (1 seul enseignant pour les 5 niveaux de primaire contre 4 niveaux actuellement, puisque les CP sont intégrés à la classe des maternelles) et sur le plan de la sécurité.
Ce projet viendrait pénaliser les conditions de travail de l’enseignant et les conditions d’apprentissage des enfants de primaire.
Pour nous, ce processus de « glissement » de la classe de maternelle ne peut malheureusement être compris que comme une étape avant :
o la fermeture définitive de cette classe de maternelle au prochain changement d’inspectrice académique
o la fermeture à terme de la classe de primaire, elle aussi promise à une baisse d’effectifs au vu des conditions, et donc la fermeture de l’école de St Vincent.
- L’École, pôle d’attraction majeur pour une vallée attractive vivante :
A l’échelle nationale, on le sait, la natalité est en baisse. Mais, on le sait aussi, aujourd’hui, beaucoup de familles aspirent au retour à la campagne et à une vie plus saine pour les enfants, que le télétravail permet maintenant.
Nous constatons d’ailleurs que 100% des enfants actuellement scolarisés à l’école de Saint Vincent sont des néo ruraux. Pour nous tous, familles néo rurales, la présence d’une école a été une condition sine qua non à notre installation. Les familles qui ont prévu de s’installer sur le haut de la vallée, avec des projets à long terme, nous ont également assuré que la position de l’école avait été primordiale dans leur choix.
Il nous semble évident que l’éloignement de la classe des maternelles aura des conséquences irréversibles sur l’avenir de cette zone rurale.
Le territoire du haut de la vallée est déjà un désert médical, n’en faisons pas un désert scolaire… sous peine d’en faire un désert tout court.
On peut éventuellement vouloir que les montagnes deviennent un désert progressif, dédié au tourisme et aux résidences secondaires, sans service public, mais dans ce cas, les personnes qui prennent cette décision doivent en avoir conscience et l’assumer. Dans le cas contraire, il faut comprendre l’école comme un pôle d’attraction pour les actifs, indispensable à la vitalité d’un territoire et au maintien d’une population, même retraités, donc un pôle à maintenir coûte que coûte.
Aujourd’hui, les parents d’élèves et les habitants de la vallée se mobilisent pour réviser ce projet et proposer une autre alternative.
Nous avons besoin du soutien de la population, des conseillers municipaux et des maires pour espérer une issue favorable pour notre école et pour le bien commun.
Nous défendons fermement le maintien des 2 classes et de tous les niveaux à l’école de Saint Vincent. Nous faisons le pari d’un projet global, pérenne et démocratique, prenant en compte la réalité géographique de notre territoire.
Notre proposition consiste à :
- Conserver 2 classes (maternelle et primaire) à Saint Vincent et une équipe pédagogique intacte à Saint Vincent,
- Conserver 2 classes de Maternelle à Noyers,
- Laisser le bas de la vallée décider démocratiquement comment ils souhaitent répartir les 2 classes de primaire entre Bevons et Valbelle.
- Fluidifier les répartitions d’enfants dans la vallée, grâce à une ouverture de la carte scolaire à toute la vallée, permettant à chacun de choisir librement dans quelle école inscrire ses enfants, en fonction de ses préférences et de ses impératifs. Mettre en place un système équitable et économiquement viable permettant de gérer au mieux les questions administratives et financières liées à la prise en charge des enfants dans les écoles de toute la vallée. Il y a là un sujet sensible et complexe à gérer. Pour mettre en place ce système, plusieurs options se dessinent :
o 1 seul RPI pour toute la vallée,
o 2 RPI (1 pour le haut, et 1 pour le bas), avec collaboration accrue et facilitée entre les deux.
Nous pensons qu’une commission entre tous les maires, le DASEN, les équipes pédagogiques et les parents est indispensable pour faire émerger une vision commune allant dans le sens de l’intérêt général.
Nous soutenons l’ouverture plutôt que la fermeture et le repli sur soi.
Nous souhaitons également renforcer le rapprochement avec les autres écoles avec des échanges et des projets pédagogiques !
- Mise en place de transports scolaire adaptés en fonction des solutions retenues (notamment depuis Saint martin, Le Couvent et Piedguichard vers Saint Vincent).
En résumé, le maintien de l’école de proximité à Saint Vincent, on a tous à y gagner !
- Une offre scolaire bien répartie géographiquement pour pérenniser l’accueil des enfants sur toute la vallée.
- 2 classes multiniveaux et une équipe pédagogique solide pour une école pérenne et épanouissante pour tous.
- Le maintien d’un pôle d’attraction au cœur de la vallée :
Tout simplement pour une vallée attractive, donc une vallée peuplée, et donc une vallée dynamique et vivante.
Nous entendons un argument consistant à dire que « mieux vaut accepter ce projet sous peine de nous en voir imposer un autre encore pire, comme la fermeture totale de l’école de Saint Vincent »… mais si c’était le cas, nous nous battrions d’autant plus !
Et si, dans un avenir à moyen terme, les effectifs baissent fortement dans la vallée, et que de nouvelles suppressions de postes s’imposent, il nous semble que le plus judicieux, pour l’intérêt général, serait de conserver encore et toujours une offre d’accueil pérenne pour tous les enfants (2 classes et tous les niveaux de maternelle et primaire) au centre géographique de la vallée, c’est-à-dire à Saint Vincent sur Jabron.
Notre demande de pérennisation se justifie par des effectifs stables et une réalité géographique, sociale et écologique.
Avec conviction et détermination,
Pour l’épanouissement des enfants, mais aussi pour le bien de tous !
Les parents d’élèves de l’école de saint Vincent sur Jabron.
La pétition
L'école de Saint-Vincent-sur-Jabron a à nouveau besoin de vous :
Cette école regroupe les enfants des 5 communes situées à une extrémité de la vallée du Jabron, en zone rurale montagneuse.
Les parents d’élèves sont obligés de lutter depuis de nombreuses années pour la préserver.
Le Collectif Cri du Cœur pour l'école de Saint-Vincent-sur-Jabron, a été créé en 2022 par les parents d’élèves de l’école pour la réouverture et le maintien de deux classes à multi niveaux dans cette école rurale.
Cette demande légitime a été entendue en 2022, alors pourquoi l’équilibre de l’école est à nouveau menacé par l’état qui demande des restructurations en milieu rural ?
Après avoir envoyé les plus grands à l’autre extrémité de la vallée, ce sont maintenant les plus petits qui sont visés par la création d’un pôle petite enfance à Noyers-sur-Jabron, doublant leur temps de transport en zone de montagne, et multipliant les risques.
De plus, la classe CP-CM2 sera-t-elle garantie dans les prochaines années ?
Aujourd’hui, on constate que les effectifs de l'école de Saint-Vincent-sur-Jabron restent stables, des familles viennent s’installer régulièrement dans le haut de la vallée parce qu’il y a une école de qualité, les enfants y sont épanouis et ont de très bons résultats scolaires par la suite.
Transformer l'école de 2 classes à effectifs convenables, qui fonctionne bien, à une classe unique en mettant des très jeunes enfants dans des bus, est une destruction des conditions de travail pour les élèves autant que pour les enseignants.
Le collectif demande à l’Éducation nationale de pérenniser les deux classes maternelle et primaire à l’école de Saint-Vincent-sur-Jabron en assurant le droit d’accès à une école de proximité en zone rurale de montagne et de cesser de mettre les enfants et les familles en situation d’instabilité et de stress à chaque rentrée.
Assurer la pérennité de cette école est un enjeu social, économique et écologique pour le cœur de cette zone rurale.